Déspatialisation urbaine

  • Publié le 20 avril 2017
  • Christian de Portzamparc
  • 15 minutes

Pour Christian de Portzamparc, la préhistoire de la révolution urbaine contemporaine est à chercher au milieu du XXe siècle, il y a à peine soixante ans, lorsqu’apparut l’âge de l’urbanisation discontinue et zonée par fonctions, par poches isolées dans un refus de la rue. Aujourd’hui, les effets des nouveaux enjeux environnementaux et l’omniprésence des technologies modifient l’échelle d’approche de la ville. Le numérique transforme notre relation espace/temps, et nous vivons la ville comme une structure disloquée, disjointe. Face à cette «déspatialisation», il nous faut repartir des lieux et imaginer un destin par un nouveau travail sur la matière, le territoire et les infrastructures.

Christian de Portzamparc est un architecte et urbaniste français, lauréat du prix Pritzker en 1994 et du Grand Prix d’Urbanisme en 2004.

Stream : Depuis les années 2000, l’urbanisation globale, qui fait de notre condition humaine une condition urbaine, est largement reconnue. Pour autant un certain nombre d’éléments (dont la prise de conscience environnementale ou le numérique) ont pris du relief. Quels vous semblent être les facteurs clés de l’évolution de cette urbanisation globale? Et avez-vous le sentiment que nous vivons une période de rupture, de basculement, plutôt qu’une simple évolution?

Christian de Portzamparc : Je me souviens qu’enfant, à Rennes, je voyais les immeubles blancs et nets des HLM s’installer tout contre les fermes en terre. J’étais enthousiaste, je les photographiais. Les légions de bâtiments de la ville conquéraient partout les campagnes. Selon l’exode rural ou les migrations post-coloniales, ce furent chaque jour plus de trois cents nouveaux habitants pendant trente ans dans Paris, et mille par jour pour des villes comme Istanbul et Mexico. Dans le grand bidonville de Nanterre, je me souviens avoir vu des familles qui, n’ayant pas de tôle ondulée, creusaient leur tanière dans le corps de la montagne d’ordures. L’abbé Pierre lança son cri et, avec une vitesse, une efficacité qui nous paraît inimaginable aujourd’hui, les gens furent logés. D’immenses périphéries urbanisées entourèrent les centres classiques et, au-delà, les champs, les talus et les arbres furent rasés pour cultiver à grande échelle.

"Rennes dans les années 1960", France © Christian de Portzamparc, AECDP

Le nouvel âge de la ville

Ce big bang date d’il-y-a soixante ans, c’est notre préhistoire. C’est là que se trouve la rupture essentielle, planétaire, dans l’apparition soudaine d’un nouvel âge, celui de l’urbanisation discontinue, zonée par fonctions, composée de poches branchées sur les voies rapides, dans un refus de la rue. Nous sommes déjà passés à un autre âge alors même que celui-ci se poursuit ou se prolonge ailleurs, décalé, chaque région du monde ayant son scénario, ses politiques, ses flux économiques, et partout les plus pauvres restent toujours plus nombreux à être attirés par la métropole comme ultime espoir.

Ainsi, c’est bien avant 2000 que naît ce sentiment de traverser une époque qui s’est avérée en évolution constante, avec ses couches contradictoires successives: celle des champs de betteraves disponibles, à travers lesquels les tuyaux des voies rapides venaient couper les territoires et préparer les futures enclaves… Une époque qui vit les efforts publics passer le relais aux investissements privés, la planification être discrètement mise en veille et les schémas de l’urbanisme moderne furtivement abandonnés par tous les ateliers d’urbanisme européens. Les cités HLM se transformèrent alors en ghettos pour les plus pauvres, et même si tout fut essayé en matière de politique de la ville, de réhabilitation mais aussi de style architectural, le plus grand chaos continua à s’installer. L’espace urbain est un vertige, et quand les « villes globales » décrites par Saskia Sassen apparaissent, elles sont le signe que nous ne sommes déjà plus dans le même âge de la ville.

Le commerce mondial accéléré par les liens immatériels et la nécessité de retours rapides sur investissements poussent au court terme et au contournement de tout plan d’urbanisme dans beaucoup de pays.

Notre pays vit une situation luxueuse, comparée à beaucoup d’autres, mais la crise constante prend, années après années, un visage différent. Le temps et l’énergie des habitants sont gaspillés, l’air devient irrespirable, les transports publics restent insuffisants, le danger croît pour ceux qui ne sont pas protégés. La question n’est pas quantitative. Le grand changement ne réside pas seulement dans le basculement vers une majorité d’urbains, mais dans ce bouleversement du monde depuis soixante ans, avec l’apparition d’une conscience écologique, et ce chantier permanent, qui le sera toujours, nous devons l’espérer. Car pour ceux qui agissent sur l’espace, qui est un aspect du phénomène urbain, il faut partout continuer à transformer, calmer ou relancer, reprendre, réparer, reconstituer, relier, revivre dans ces villes poussées trop vite.

Stream : Ressentez-vous une modification radicale de nos rapports à l’espace-temps, notamment sous l’effet de l’omniprésence des technologies numériques?

Christian de Portzamparc : C’est une deuxième révolution. Le numérique a accéléré les calculs, la gestion des données, des grands nombres. Avec Internet, le câblage sous les océans et la maîtrise ultra-rapide des flux d’information à distance, notre relation à l’espace est absolument transformée… L’espace n’est plus le même car il n’est plus le seul médium. Cette transformation fait merveille. Étant codée par un langage, l’information transmissible et stockable semble absolue et « suffisante » pour combler le besoin vital d’échange. L’idéologie de l’époque est celle de l’information parce qu’elle est reine de la communication, du commerce et des transmissions d’ordres. Du management donc.

La première fois que nous avons utilisé un GPS dans une voiture de location, à Dallas, pour nous rendre à plusieurs rendez-vous dans la ville, il y a de cela presque vingt ans, tout sembla d’abord simplifié: « Next stop, turn right »… Mais nous regardions encore la ville en essayant de comprendre l’espace, si bien que voulant aller vers ce que l’on voyait, nous nous trouvions souvent en contradiction avec les ordres du GPS. Après plusieurs fausses sorties sur les mauvaises bretelles, nous avons compris qu’il fallait oublier toute tentative de se situer dans la ville, sous peine de se perdre. Il fallait se laisser guider par la voix, la flèche du satellite nous conduisant dans le lacis des tuyaux des voies rapides. Il fallait ne pas voir la ville, refuser que notre corps s’y oriente.

Avec les communications immatérielles, l’homme vit une dichotomie, et parfois même une rupture, entre espace matériel et immatériel. Nous vivons maintenant une ville (j’emploie toujours ce mot, à dessein), un espace à couches disjointes, à structures disloquées. Notre relation espace-temps se transforme.

Les étapes successives du progrès des communications, cette quête ancienne de l’homme pour s’affranchir des distances, ont à chaque époque imposé leurs lois sur l’espace urbain, parce qu’elles en ont toutes changé la pratique, depuis la roue en passant par l’imprimerie, le train, l’automobile, le téléphone ou aujourd’hui Internet. Les territoires résultent des équipements conçus autour de ces artefacts.

L’étape industrielle de la vitesse mécanisée a conquis les distances, lancé ses tuyaux de voies rapides, enclavé des zones. L’étape des communications immatérielles nous donne l’impression d’annuler ces distances et d’accélérer les échanges, créant un nouvel espace, le cyber. Elle a rendu possibles de nouvelles urbanisations autour du tertiaire dans des zones plus lointaines ou laissées pour-compte. Malgré leur éloignement des centres, leur manque de viabilisation, des quartiers naissent que la ville sépare, et les blocages, les quasi-ghettos apparaissent.

Nous vivions l’espace physique comme une continuité absolue, qu’il fallait parcourir de proche en proche pour connaître et pratiquer. Jean Pierre Vernant soulignait que les Grecs rapprochaient toujours Hermès, le dieu du voyage et du commerce, et Hestia, la déesse du foyer, et avec Bruno Queysanne nous y avons vu une définition de la ville. Séjourner ou se déplacer sont constamment nos deux modes d’« usage du monde » comme le disait Nicolas Bouvier. La grande ville, la métropole, n’est plus cet espace physique continu, elle ignore les hiérarchies de proximités physiques. On n’y parlera plus « d’emboîtement d’échelles » (Lussault). L’espace n’unit plus. Nous vivons une « déspatialisation » sur le plan physique. L’espace n’est plus le seul médium des liens, les avancées techniques éliminent du voyage le temps, et annulant la contrainte de l’espace, elles le vident aussi de sa réalité.

La ville des plaques © Christian de Portzamparc, AECDP

L’optimisme technophile peut nous laisser penser que cette mutation de l’animal humain urbain est inéluctable, et que le cyborg sera un être adapté. Le numérique est, en effet, la dernière avancée dans le long processus commencé par l’acquisition du langage puis de l’écriture. L’homme du néolithique, puis le piéton de Paris, pratiquent et connaissent le monde dans l’espace, par proximités successives, selon un spectre de lieux, d’images, d’orientations et de sensations mémorisables. Puis ils parlent, ils lisent… nous sommes des êtres de langage. Et aujourd’hui nous devenons des êtres de l’information numérique! Mais le marcheur est toujours en nous, qui reconnaît les adresses dans les rues comme nous nous promenons sur Internet en cherchant quelque service.

L’être cyber est toujours un être d’espace. Nous ne pouvons éviter de marcher, de voir et d’entendre dans les mêmes conditions que celles de notre ancêtre d’il y a 50000 ans. Mais nous vivons aujourd’hui simultanément selon plusieurs ères de l’humanité. Le néolithique, l’industriel et le cybernétique-virtuel se conjuguent et se contredisent.

L'âge 3, les mobilités / accessibilités © Christian de Portzamparc, AECDP

Déclin et survie du modèle de la rue

Stream : L’approche globale des phénomènes urbains semble de plus en plus difficile, tant les enjeux sont importants et multiples. Pensez-vous que nous vivons dans une ère ou la notion de complexe serait devenue le nouveau paradigme, remettant en cause la simplification des approches scientifiques classiques? Quels nouveaux outils conceptuels vous semblent nécessaires pour appréhender le futur de nos villes?

Christian de Portzamparc : Le « complexe », en soi, ne peut être un « paradigme », un modèle idéal de référence. Il nous apparaît comme un degré. Henri Lefebvre écrivait en 1970: « Le phénomène urbain, aujourd’hui, étonne par son énormité; sa complexité déborde les moyens de la connaissance et les instruments de l’action pratique. Il rend presque évidente la théorie de la complexification, d’après laquelle les phénomènes sociaux vont d’une certaine complexité (relative) à une complexité plus grande. ».

Mais qu’y a-t-il de plus complexe que la rue par exemple? La rue qui assemble sur une même ligne la distribution de l’air, de la lumière, de l’énergie, de l’eau, qui assure les circulations diverses et la lisibilité des adresses, donc la relation entre tous. La rue qui accueille les commerces, les services publics et les habitations ou les bureaux, la rue qui règle la limite entre le privé et le public ou organise le commerce foncier est aussi une œuvre collective ouverte à l’aléatoire et l’inconnu de demain, elle peut être rebâtie et transformée par morceaux, elle est la multiplicité tenue dans la plus simple unité.

"Rue qui assemble tout" © Christian de Portzamparc, AECDP

Notre métropole est une ville dont tout l’espace a été produit selon des principes recopiant la méthode industrielle, qui consistait à simplifier et clarifier les processus. C’est pour cela que la rue a été rejetée. Le Corbusier en a déclaré la « mort », avant de l’analyser et de la déconstruire en découpant sa complexité, en isolant chaque fonction à laquelle une technique spécifique pouvait répondre: les besoins en circulation, en respiration, en lumière, en végétation.

"Rue déconstruite" © Christian de Portzamparc, AECDP

L’habitation, la distribution, le travail, les loisirs ont eu chacun leur zone et leur traitement, leurs services… Chacun reconnaît là une démarche raisonnable, et planétaire, issue d’une intention de planification publique, parfaitement adoptée par l’économie privée et ses secteurs de métier.

Pourtant elle fait question. On parle souvent de la complexité administrative, ou du cloisonnement du travail entre les services techniques publics et privés qui entretiennent, transforment et développent le système métropolitain et ses réseaux. Chacun a son budget, son calendrier et son plan. Ils sont comme les nageurs isolés dans leur ligne d’eau. Car nos métropoles supposent des systèmes techniques sophistiqués pour fonctionner, et c’est sur ces techniques vitales que l’action est programmée. Nous voyons apparaître des ouvrages distincts sans que des plans d’urbanisme assurent leur assemblage, leur cohérence pour imaginer en périphérie une qualité de vie alternative à celle offerte par le centre.

Toute la difficulté de penser et d’agir autrement sur notre espace contemporain réside dans la possibilité de comprendre les interfaces au sein de ce découpage par métiers techniques. La notion même de projet d’urbanisme oblige d’emblée à cette traversée, mais les corps techniques ont leur autonomie et leur inertie. C’est ce mode de travail qu’il faut traverser pour accéder ou revenir à une complexité sachant envisager l’aléatoire. Une action reste possible, en comptant sur les génies propres de l’époque, ceux des instances techniques et des communautés privées utilisant le numérique. Mais un autre défi se présente : face au génie immatériel de notre époque, notre capacité de travail dans l’espace physique a perdu beaucoup de ses moyens. Le transformer est trop lourd, trop lent, incompatible avec le retour rapide sur investissement et les finances publiques partout affaiblies… Et pourtant il s’agit toujours de la chose publique.

On peut ainsi penser que dans nos pays anciens, il n’y aura pas de bouleversements, l’essentiel de l’espace de demain est déjà fortement structuré. Par exemple, il sera sans doute impossible de déplacer les infrastructures de l’Île-de-France. Mais on doit penser que de nouvelles lignes légères viendront traverser ces espaces et les franchir, que le bâti sera constamment transformé, partiellement détruit ou densifié. On peut penser que nous aurons toujours besoin de l’espace matériel! C’est ce que le génie numérique de l’époque devra résoudre.

L’homme et son milieu

Stream : La pression environnementale conduit un certain nombre des acteurs que nous avons rencontrés à penser que nous serions entrés dans l’Anthropocène, période géologique où l’homme est devenu le facteur principal des évolutions de notre planète, et qu’il nous faudrait repenser notre rapport à la biosphère. Comment comprenez-vous dans ce contexte la floraison des métaphores du vivant, de l’organique ou du métabolique dans l’approche des phénomènes urbains? Est-ce que cela vous semble une voie pertinente?

"La nouvelle ville de Le Corbusier", 1922-1925 © Christian de Portzamparc, AECDP

Christian de Portzamparc : Sorti du jardin terrestre, notre hominidé, bien avant le néolithique, voit la nature comme son immense maison, son domaine, mais les dieux qu’il y trouve ne sont pas tous bons, il faut partager, la nature conservant sa part d’hostilité. Pour se rassurer, l’idée vint plus tard à son descendant qu’il est unique, libre, et pour cela radicalement distinct de cette nature. Avec l’invention de la géométrie, l’homme découvre un visible qui n’existait pas dans la nature et que des lois abstraites organisent. Pour utiliser une métaphore, ce visible devint le symbole de l’homme unique face à la nature qui l’entoure. Que ce soit en Égypte ou en Grèce, l’architecture antique n’est pas organique, elle représente la fixité éternelle, tout entière dans cette passion de la présence de l’homme comme antinature. Plus tard, Descartes énoncera le programme : maîtriser et exploiter la planète comme destin humain. Voilà l’Anthropocène. Un rameau essentiel de l’architecture moderne est en continuité avec l’antique et naît dans cette affirmation superbe de l’altérité de l’homme face à la nature. La géométrie n’est plus celle du temple grec, certes, mais l’objet décollé du sol. L’objet nouveau autonome, issu de la machine…

Nous avons une longue tradition de métaphores antinaturelles, traversée de quelques moments d’assimilation à la nature, comme l’Art nouveau et une tendance récente, dans le dessin comme dans le vocabulaire.

Avec l’accomplissement de cet Anthropocène, la maîtrise assez vite acquise, la terre « commise comme fond » et « arraisonnée », vint la conscience d’une possible spoliation. Heidegger, en 1949, dans sa Conférence sur la technique, s’interroge sur le seuil franchi par l’homme dans sa relation avec la planète et la nature quand il passe du moulin à vent, utilisant l’énergie naturelle, au grand barrage qui oblige le fleuve à stocker cette énergie… On peut se demander si la question lui est venue en pensant aux chambres à gaz dont il n’a rien dit.

Pour parler des formes bâties plutôt que des arguments « marketing » d’aménageurs, deux lignes de sens coexistent aujourd’hui, et l’architecture le montre selon deux poétiques : d’un côté on trouve les métaphores de la différence, voire de l’opposition homme/nature et toute la tradition moderne et classique liée aux géométries platoniciennes, et de l’autre côté apparaît en plus l’imaginaire d’une unité et d’une intégration homme/nature, avec les géométries irrégulières, incurvées et les métaphores biologiques. Je retrouve cette phrase dans ma conférence inaugurale au Collège de France : « Tout cet espace que nous modelons sans cesse, ce milieu transformé, produit par l’homme sur la planète, est un artefact, un double artificiel de la nature. Et il nous échappe de plus en plus. Et c’est un révélateur du monde, honnête, implacable même, qu’il faut savoir regarder. Pour moi, c’est bien cette production, ce dialogue incessant de l’homme avec son milieu qui définirait notre intérêt pour l’architecture. »

Stream : Dans la concurrence entre métropoles globales, les villes doivent trouver des stratégies pour optimiser leur attractivité et leur compétitivité. À partir de votre expérience de Paris et Rio, quelles visions des villes aussi différentes et avec des histoires aussi riches doivent-elles développer pour programmer un développement durable et intelligent tout en conservant leur attractivité ? Quelles sont leurs perspectives ?

Christian de Portzamparc : Pendant la première phase du big bang urbain, un phare éclairait la route : la planification. La confiance dans le fait de pouvoir maîtriser enfin la ville, loin de ce qui apparaissait comme le hasard et le bricolage des siècles passés, engendrait une véritable autorité du futur plutôt que du passé. Le futur réel et sa part d’inconnu étaient négligeables dans cette vision planifiant selon les « plan-masses » intransformables.

Le bouleversement majeur de cette période de transformation constante apparut quand le temps vint contredire avec surprise les certitudes prévues. Nous naviguons aujourd’hui à vue, nous avons peur du lendemain, les projections vers le futur sont ralenties. Mais nous pouvons repartir des lieux et imaginer une forme de destin. D’emblée, face à la « déspatialisation », agir sur la métropole suppose un retour ambitieux sur l’espace physique, un travail de la matière, du territoire, et souvent sur les infrastructures qui la rendent habitable. Cela suppose surtout un retour vers l’action à long terme.

C’est aussi prendre soin de la planète, écologiquement. L’urgence, pour ces deux métropoles, est la reconquête de leurs périphéries. On débat sur les échelles des territoires, le nombre de pôles, l’impossibilité du multipolaire, mais il faut penser avant tout la continuité de l’espace urbain. Il faut faire des transports publics non-enclavants (trains aériens), mutualisant le fer et la route, partageant les moteurs propres. Il faut des lignes de voiries hybrides, espaces publics reliant les quartiers, ponts et tunnels évitant les enclaves. Certes, personne ne parcourra des kilomètres de voies à pied, mais c’est cette chaîne continue des lignes de la vie qui créera l’enchaînement des proximités permettant l’évolution positive de tous les quartiers pauvres et riches.

 

 

(Cet article a été publié dans Stream 03 en 2014.)

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