Du modèle hérité au campus du XXIe siècle

Inauguré en 1964, le campus imaginé par René Coulon et Robert Joffet fut un manifeste moderniste. Inscrit dans le sillage des grands campus anglo-saxons, il articulait pédagogie, autonomie et cadre de vie dans une composition géométrique à grande échelle. Mais ce modèle hérité, longtemps célébré, montre aujourd’hui ses limites. Addition des strates, effacement des intentions d’origine, ajouts disjoints, place croissante de la voiture : le domaine a perdu sa lisibilité et sa cohérence fonctionnelle.

Notre proposition part d’un principe : composer avec l’existant. À rebours d’une logique de rupture, PCA-STREAM propose une lecture critique et stratégique du site, conçu comme un palimpseste, un territoire à relier, à ressaisir, à réactiver. En restaurant les continuités historiques et en créant de nouvelles synergies entre les entités bâties, le projet restitue au campus son rôle de support actif de la vie académique et collective.

Faire du paysage une matrice d’usage et de récit

Le paysage n’est pas ici un décor, mais une structure. Depuis les jardins à la française du XVIIIe siècle jusqu’aux grands aplats modernistes du XXe, le parc d’HEC cristallise les mutations des rapports entre nature, pouvoir et savoir. Cette histoire longue devient matière à projet. En réintroduisant des liaisons piétonnes, en déminéralisant les sols, en revalorisant les espaces résiduels, notre proposition restitue au paysage son pouvoir de lien, de respiration et de narration.

Cette approche active du paysage irrigue toutes les échelles du projet. Elle rend possible une pédagogie située, une attention fine aux transitions, une capacité à accueillir l’imprévu. Apprendre dehors, circuler avec plaisir, habiter collectivement un territoire : autant d’expériences sensibles qui renforcent l’ancrage, la mémoire et l’appartenance. Le parc devient un outil pédagogique et politique, une écologie appliquée à l’espace académique.

Cœur de Campus : instituer une nouvelle centralité

Le projet culmine avec la création d’un nouvel édifice fédérateur : le Cœur de Campus. Il vient résoudre une absence manifeste : celle d’un lieu commun, identifiable, hospitalier, incarnant les valeurs contemporaines de l’École. Situé au croisement des flux, le bâtiment accueille les fonctions transversales du campus : vie étudiante, restauration, coworking, recherche, gouvernance, dans un dispositif modulaire et ouvert, pensé pour articuler les temporalités et les usages.

Son architecture assume une matérialité expressive (le bois, la lumière, le rapport au sol), mais refuse le geste spectaculaire : elle fait signal par le sens, pas par la forme. Relié à l’histoire du site comme à ses usages à venir, le Cœur de Campus institue un nouveau lieu de convergence pour une école tournée vers le collectif, l’exigence et le soin. Il est le nœud visible d’un campus recomposé.