La Conception radicante : temps, besoin, expérimentation

  • Publié le 19 novembre 2017
  • Jana Revedin

Une approche durable de la ville implique l’activation de savoir-faire citoyens qui redéfinissent le rôle et les méthodes de l’architecte. Pour Jana Revidin, la transition écologique doit pousser les architectes à transformer la théorie et la praxis de l’architecture pour se diriger vers un mode de conception radicant. Si les tenants, encore nombreux, du post-fonctionnalisme réfléchissent en termes de simples évolutions des systèmes, il faut au contraire acter d’une césure historique en s’appuyant sur les ressources du temps et du contexte pour concevoir des modes de production de l’espace où le processus n’est pas subordonné au produit ou à la forme finale. Construire importe davantage que le construit lui-même, dans une vision où le projet devient un processus d’amendement dans la durée des milieux habités. Cette vision de l’architecture permet de sortir de la pression du temps court, d’être à l’écoute des usages et des usagers selon une approche itérative d’expérimentation.

Apprendre va au-delà de simplement acquérir ou transmettre des informations ou des idées existantes, c’est plutôt le fait de concevoir de manière collective un monde où il fait bon vivre.

Edith Ackermann

Démarche processuelle vs tabula rasa

Avec le temps, le débat écologique fait apparaître qu’au-delà de son enjeu, nous traversons un cycle de transitions nombreuses – énergétiques, urbaines, migratoires, industrielles –, qui se conjuguent pour démanteler l’ordre fonctionnaliste qui s’était établi de la Révolution industrielle aux Trente Glorieuses. La scène écologiste rassemble des architectes pour qui ce démantèlement appelle à transformer la théorie et la praxis de l’architecture. Les uns revisitent les cultures constructives, d’autres étudient des alternatives à la ville post-fordiste ou élaborent une théorie architecturale du processus. Ces avancées animent un vif débat interne. Ses acteurs peuvent diverger sur les analyses ou les visions, mais ils s’accordent sur le fait qu’un cycle historique s’achève et que ses paradigmes s’épuisent.

Cette scène reste très minoritaire, surtout dans l’Occident « développé ». L’hypothèse que les grandes transitions concernent l’architecture laisse sceptiques ou hostiles les milieux de l’histoire et de la théorie, qui restent inscrits dans le sillon post-fonctionnaliste. La pensée qui émerge ne peut se comparer, selon eux, au surgissement du Mouvement Moderne, rupture radicale et fondatrice des instances actuelles : enseignement, histoire, académies. Le désaccord ne porte pas sur les faits – personne ne nie qu’il y a transition énergétique –, mais sur leur ampleur. Pour la scène écologiste, ce ne sont pas – de la crise pétrolière de 1974 à la crise systémique de 2008 – de simples secousses perturbant le cours du Progrès, mais une césure historique. Elle sépare un long cycle industriel qui transforma la planète – porté par le dessein Moderniste – d’un XXIe siècle qui doit faire le deuil de ce dessein « qui n’a pas les instruments pour appréhender, non pas une crise mais une mutation écologique » Bruno Latour, conférence « Au tournant de l’expérience », Cité de l’Architecture, Paris, 12 juin 2016..

Pour les tenants du post-Fonctionnalisme, restés adossés au mode industriel productiviste, ces crises sont d’amplitude moyenne. Elles trouveront solution par évolution des systèmes – urbains, technologiques, architecturaux. Elles n’entament ni les paradigmes ni le cours du Progrès moderne, fondé sur le contrôle du monde, de l’espace, du temps. Cette divergence révèle un conflit politique et théorique. Au-delà de ses clivages les plus visibles – le débat sur l’énergie, par exemple, avec ses enjeux économiques –, il porte sur les modes de conception et de production de l’espace. Une de ses clés, dans la trilogie Espace-Temps-Architecture, est la relation au Temps.

Les architectes contemporains ne se prétendent plus agents de cette perfection radicale que les modernistes pensaient voir émerger en combinant vitesse et table rase. Ils cherchent plutôt à instaurer les conditions indispensables pour la mise en œuvre d’améliorations appropriée, à déclencher un processus progressif dont les habitants sont les véritables acteurs puisqu’ils en définissent à la fois le contenu et le rythme. Le temps constitue la ressource principale de ce processus participatif.

La ressource illimitée du temps

La ressource illimitée du Temps peut approfondir ce débat sur la reconsidération des processus longs de formation de l’habitat et des villes. En économie productiviste moderne, le temps coûte cher – gagner du temps… La réduction de ce coût a envahi l’économie de l’architecture. La tabula rasa n’était-elle pas d’ailleurs, autant sinon plus qu’un nettoyage, un gain de temps ? Raser, c’est supprimer les contextes et leur prise en compte, aplanir les moraines de l’histoire, de la géographie ou des usages qui gênent le projet. C’est ramener ce projet dans l’espace d’une feuille blanche, d’un écran. C’est aussi et surtout lever le frein du frottement avec les habitants.

Mais si, par un renversement caractéristique de la pensée écologiste, on cesse de subordonner le processus au produit final, si on considère que ce produit est au contraire à définir en fonction des ressources disponibles et de leur activation, c’est la qualité du processus et son enrichissement qui priment le design du produit. Le temps n’est plus alors un coût mais une ressource aux qualités nombreuses : illimitée, disponible partout, bon marché, plastique.

La réintégration du temps rend possible une architecture expérimentalement réformiste qui ne considère plus – et c’est une voie théorique qui s’ouvre – le projet comme conception d’un bien mais comme processus d’amendement des milieux habités, mené dans la durée. Cette approche probatoire à long terme s’oppose au radicalisme moderne. Elle postule que le construire importe plus que le construit ; que le temps du penser, expérimenter et faire compte davantage que l’exécution finale de l’objet. Et même peut-être que l’architecture n’est pas un objet fini mais un moment collectif de co-programmation, de co-conception et de co-construction, une étape dans le continuum par lequel l’homme façonne et refaçonne, de façon radicantecf. Jana Revedin, « La ville radicante : une morphologie en œuvre ouverte pour la ville durable », in: Ré-enchanter le Monde : L’Architecture et la ville face aux grandes transitions, Gallimard, « Manifeste », Paris, 2014., habitat, ville et milieu, sous l’injonction complexe de l’état des ressources, de son expérience, du temps sédimentaire des villes, du temps long de la géographie et des climats…

Newham, Londres, mai 2012, An Architecture et London Pleasure Gardens © Jim Stephenson

Le contexte comme ressource

Cet usage différent du temps ouvre aussi une voie politique, radicante. On sait que la pression du temps court est l’ennemie de la démocratie. On peut souhaiter que l’architecture s’éloigne du temps politique vertical et radical qui l’instrumente pour se rapprocher des sociétés et explorer le paradigme neuf – et pourtant si ancien ! – de la responsabilité civique de l’architecteEn 1946, arrivé en exil aux États Unis, Walter Gropius, créateur de la pédagogie multidisciplinaire expérimentale du Bauhaus, fonde avec Marcel Breuer et la nouvelle génération de ses étudiants de Harvard, le TAC The Architects Collaborative, manifeste d’« une profession qui exerce la conception collective au service de la société. » cf. Walter Gropius Architektur, Fischer Bücherei, Frankfurt, 1956..

La conception radicante s’inscrit dans une analyse « pluri-racinaire » du lieu et des besoins de ses habitants pour proposer différents scénarios de développement architectural et urbain, formulés de manière collective. Nous nous installons sur le lieu pendant de longues semaines et commençons par mener une analyse historique, morphologique et typologique pour le restituer dans son contexte géographique et environnemental. Il s’agit de l’analyse « classique » à laquelle tous les architectes sont censés être formés. Nous menons cependant cette analyse conjointement avec les habitants et formons par la suite des groupes de recherche pluridisciplinaires dans le respect des quatre piliers du développement durable, à savoir le politico-économique, le social, le culturel, et, bien sûr, le pilier écologique.

Ces groupes de recherche mettent à profit l’éventail des pratiques de la conception participative, organisant des ateliers participatifs et engageant un dialogue avec les habitants et les utilisateurs, ou encore en procédant à des évaluations SWOT répertoriant les forces, faiblesses, opportunités et menaces afférentes au lieu. Les résultats sont documentés sous la forme de cartographies inclusives ou thématiques, faciles d’accès et compréhensibles par tous.

L’approche radicante vise la co-création et co-réalisation « par et avec les habitants » des projets nécessaires, repensant les environnements et les espaces publics existants de manière à encourager le développement de circuits d’économie circulaire et à catalyser les effets du développement personnel et de l’émancipation sociale.

Le temps est en effet le meilleur véhicule des décisions collectives. Qu’il s’agisse de relever attentivement les besoins, d’élaborer des projets qui leur répondent, le temps est la matière première des démarches radicantes – humbles au sens où elles ne prétendent pas régler radicalement les problèmes. Ces méthodes d’auto-développement se multiplient aujourd’hui de par le monde : en Occident, pour s’opposer au post-Fonctionalisme autoritaire des États ou des Villes, comme dans les pays émergents où le dessein Moderne a sombré, léguant un chaos que les sociétés doivent amender elles-mêmes.

L’analyse du site et de son environnement, cette manière de mettre en scène la spécificité de chaque situation localiséeLocus : La relation singulière et universelle entre un endroit spécifique et les bâtiments qui s’y trouvent , Aldo Rossi, L’Architettura della città, Clup, Milan, 1966., d’écouter les usagers et leurs usages, d’expérimenter la co-programmation urbaine et architecturale comme catalyseur social, le fait de convaincre les habitants et nous-mêmes – les architectes – d’accepter un dialogue approfondi pour l’élaboration d’un compromis établi de façon collective à travers une co-conception et une co-construction, tout cela requiert naturellement du temps. Mais il y a aussi deux autres dimensions inestimables qui en nécessitent probablement davantage : l’humilité et la curiosité. Apprendre à partir de l’existant, de sa mémoire collectiveVoir : Carl Gustav Jung, Approaching the Unconscious, dans Man and his Symbols, Dell, New York, 1964., de ses symboles et de ses analogiesOu, comme Rossi l’explique de manière assez juste : « La biographie d’une ville est écrite entre les lignes, dans un tissu de sensations » Aldo Rossi, The Analogue City, dans The Architecture of the City (1966), avec une introduction par Peter Eisenman, édition anglaise, MIT Press, Cambridge, Massachusetts 1982. Le concept de l’analogie est emprunté, comme le concept du Locus, par Christian Borberg-Schulz dans Existence, Meaning and Symbolism, dans Meaning in Western Architecture, Editions Electan, Milan, 1974, édition anglaise Rizzoli, New York, 1980., de ses qualités sensoriellesVoir Juhani Pallasmaa, The Eyes of the skin : Architecture and the Senses, John Wiley & Sons, Chichester, 2006., de ses espoirs et de ses peurs, de son potentiel et de ses risquesDans mes études radicantes du royaume public, j’utilise la méthode analytique de Lynch (1960), Jacobs (1961), Rossi (1966), Alexander (1975), ou Gehl (2011), combinées à la matrice SWOT ainsi qu’à l’analyse des intervenants. Toutes les propositions de conceptions sont développées exclusivement à travers la fabrication de maquettes allant jusqu’à l’échelle 1, en bois, carton, terre ou encore matériaux recyclés., signifie mettre l’identité du lieu, les besoins et les aspirations de la société avant notre ego de créateur, mais aussi revendiquer que les espaces publics « […] ont la capacité de proposer quelque chose pour chacun, seulement parce que et quand ils sont fabriqués par tous »Jane Jacobs, The death and life of great American cities, Vintage Books, New York, 1961..

Theatre on the Fly, Théatre ephemère et co-construit, Oaklands Park, Chichester, Royaume-Uni © Jim Stephenson pour Assemble

L’importance de la fabrication

Atteindre la plus haute qualité de conception et de réalisation par l’expérimentation continue et par une méthode itérative n’est cependant pas une nouvelle approche. Il s’agit même de l’approche originelle de notre profession, car « les choses que nous devons apprendre avant que nous puissions les faire, s’apprennent en les faisant »Hanna Ahrendt, The Human Condition, University of Chicago Press, Chicago, 1958. De nombreux laboratoires intégrant conception et construction se développent actuellement, ainsi que des programmes d’apprentissage expérientiel travaillant à toutes les échelles de la conception, du détail architectural au design urbain. Ces programmes se concentrent sur les procédés de construction utilisant des matériaux renouvelables comme la terre, le bois, la pierre etc. ou sur des bâtiments à entretien zéro-énergie, sur la préfabrication ou les technologies de transport… Cela implique parfois de travailler de manière communautaire pour réaliser des prototypes auto-construits, parfois d’aboutir à la réalisation de kits de construction modulaire ou de concepts d’ingénierie en open-source sur le web.

Cette nouvelle approche nécessaire, systématiquement basée sur des investissements attendus de ressources de temps, de besoins et d’expérimentations, et dont les résultats doivent nécessairement être au service de la société, survient cinquante ans après les pédagogies de l’apprentissage par la production expérimentées en Illinois, à Berkeley ou à Venise On peut notamment citer le prototype de Richard Buckminster Fuller qui démontre « les forces systémiques à travers l’efficacité économique », la boîte à outils pour des compositions universelles « au service de tous » de Christopher Alexander, ainsi que la méthode de conception basée sur le consensus, développée par Giancarlo de Carlo par exemple, et presque un siècle après la révolution encore inégalée en matière d’enseignement de la conception du Bauhaus, la méthode émancipée et pionnière de Walter Gropius, qui consistait à mélanger traditions, expertises et aspirations issues de l’artisanat, de l’industrie et du commerce. Le travail expérimental du Bauhaus, organisé autour d’un cursus long et de sessions d’échange utilisant les techniques discursives de l’open-work L’idée de l’open work, « œuvre ouverte », a ensuite été développée par Umberto Eco pendant les années 1960 : les travaux artistiques ou littéraires restaient délibé-rément inachevés afin de laisser une certaine liberté d’interprétation. L’auteur invitait ainsi son public à participer au tra-vers du processus de « la fin libre » – ainsi pouvait commencer le processus d’interaction créative et d’échange de connaissances interdisciplinaires., devait permettre le développement de processus de conception « évolutifs, reproductibles et propres à leur temps ».

Alors que les besoins massifs de l’industrie et du commerce avaient amené la conception des objets produits de manière industrielle à éclipser les premières tentatives d’approcher l’architecture et la conception urbaine par une pensée soucieuse du contexte, Gropius retourna à sa posture réformatrice d’origine lorsque, fraîchement arrivé à Harvard, il conçut son premier projet d’architecture à l’étranger : « La fusion de l’esprit local et de l’approche contemporaine de conception a produit une maison que je n’aurais jamais construite en Europe, dans un contexte totalement différent d’un point de vue climatique, technologique et psychologique. Adaptée à son contexte, elle devait être en construction légère, remplie par la lumière du soleil, évolutive, rapide à construire, économique et en tout point utile aux fonctions vitales de ses occupants.Walter Gropius décrit le processus de conception de la Gropius House à Lincoln, dans le Massachusetts dans Scope of Total Architecture, Harvard University Press, Cambridge, Massachusetts, 1956. ».

Conformément aux thèses développées avec son ami sociologue Franz Müller-Lyer pendant leur fuite de l’Allemagne nazie, Gropius avançait que tous les logements futurs devaient être préparés à « l’âge du nomadisme », un mode de vie « de simplicité, de mobilité, d’indépendance et d’émancipation ». Notons qu’il avait prévu cet « âge du nomadisme » dès le milieu des années 1930, c’est-à-dire près de trois quarts de siècle avant que Doug Saunders n’écrive Du village à la ville : Comment les migrants changent le monde.Doug Saunders, Arrival City. How the largest Migration in History is reshaping our World, William Heinemann, Londres, 2010.

Mais que représente la « conception expérimentale » en architecture ? Il s’agit de trouver les outils, matériaux, techniques et technologies adaptés aux besoins précédemment analysés. Cela implique que l’architecte a une responsabilité totale dans l’identification des réponses adaptées aux questions importantes : la solution right-tech entre l’aveuglement du numérique et la nostalgie romantique passéiste.

L’expérimentation en tant que ressource

Albert Schweitzer expliquait que donner des exemples n’était pas la composante majeure de l’enseignement, mais « sa seule composante ». Au-delà d’une simple approche pédagogique, l’exemple devient un outil pour la conception. Les étudiants construisent leurs propositions de projet à l’échelle 1 et développent leurs conceptions d’un point de vue non seulement technique mais également en termes de contenu et de signification, dans une contextualisation prenant en compte les autres acteurs du projet : ingénieurs en structure, en mécanique et en énergie, paysagistes, urbanistes, concepteurs lumières, experts en bois, en sol, en pierre et en recyclage, écrivains, réalisateurs, musiciens… L’époque de l’interdisciplinarité propre à « l’architecte-nomade » de Gropius commence.

Il est nécessaire de tester et de prouver la capacité du prototype de projet à « bien
vieillir » pour faire face aux enjeux climatiques, aux enjeux d’adaptabilité, aux demandes de l’usager et aux contextes urbains et ruraux – car la capacité à « bien vieillir » dans de telles conditions est l’essence même d’une conception durable dont l’approche intègre la pratique usuelle et ce « capital social » de l’artisanat que Richard Sennett a décrit comme « cet instinct primaire de l’homme : l’ambition de réaliser un travail de qualité comme une fin en soi ». Richard Sennett, The Craftsman, Allan Lane, New York, 2008.

Les exercices de conception collective par l’apprentissage expérientielVoir David A. Kolb, Experiential Learning: experience as the source of learning and development, Englewood Cliffs, Prentice Hall, 1984. Théorie selon laquelle une personne appren-drait à travers l’exploration et l’expérimentation. L’apprentissage est appelé apprentissage expérientiel car il trouve ses sources dans le travail expérientiel de Lewin, Piaget, Dewey, Freire et James, qui en scène une pers-pective unique sur le développement humain et place en exergue le rôle central que l’expérimentation joue sur le processus d’apprentissage. espèrent remplacer, sur le long terme, les objectifs actuels d’« originalité » ou de « talent artistique »La célèbre confusion entre talent et tradition est ce qui permit une remise en question du système des Beaux-Arts en termes d’apprentissage de l’architecture : sont remis en cause une trop grande importance accordée au talent « artistique », ainsi qu’un manque d’encadrement global sur le plan éthique et sur le plan purement technique. Dans La Tradition et le talent individuel, T.S. Eliot explique le problème du soutien vide du « talent sans tradition et de l’abandon du talent plutôt que sa persévérance ». par des standards plus concrets tels que la maîtrise des aspects techniques, esthétiques et artisanaux. Cela permet de commencer à renverser « la marginalisation de ceux qui maîtrisent leur métier, et y pensent comme quelque chose de plus intéressant qu’eux-mêmes ».Roger Scruton, The Craftsman by Richard Sennett, The Sunday Times, 10 février 2008.

Cet article a été initalement publié en novembre 2017 dans la revue Stream 04.

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Niclas Dünnebacke - Saint Denis © Niclas Dünnebacke

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