Photographier la ville Métabolisme, expérimentations sensibles dans le quartier de La Défense
Stream Voices
7 septembre 2025
Pendant plusieurs mois, des étudiant·es de GOBELINS Paris, ont arpenté le quartier emblématique de La Défense sous un angle inédit : celui de son métabolisme urbain. Dans le cadre d’un atelier documentaire encadré par Pierre-Jérôme Jehel et Laetitia Guillemin (GOBELINS), conçu en partenariat avec des chercheurs de la Chaire Ville Métabolisme (Université PSL), une trentaine d’étudiants ont exploré ce territoire non pas comme un simple décor mais comme un organisme vivant, traversé de flux, de tensions et de rythmes, où l’image devient outil de révélation. Leurs projets, à la croisée de la création artistique et de la recherche, dévoilent une autre lecture de cet espace minéral, entre flux invisibles et tensions souterraines. Une exploration à la fois sensible et rigoureuse, dont Corinne Feïss Jehel (EPHE – PSL), Pierre-Jérôme Jehel et Émilie d’Orgeix (EPHE – PSL), retracent ici le déroulement en l’inscrivant dans le cadre d’une action de recherche de la Chaire Ville Métabolisme, soutenue par les mécènes PCA-STREAM, Artelia et Groupama Immobilier.
Au cœur du nouveau quartier Clichy-Batignolles, l’équipe Covivio-Hines France-PCA-STREAM livre le Stream Building, un bâtiment-manifeste traduisant dans ses innovations près de 15 ans de recherches du Stream Lab autour des enjeux de la ville de demain. Pensé selon des logiques circulaires, le Stream Building est un hub relationnel et productif qui dynamisera cette nouvelle centralité du Grand Paris en concentrant toutes les activités d’une vie urbaine intense.
Noémie Goudal est une artiste visuelle. Finaliste du Prix Marcel Duchamp 2024, elle travaille sur notre rapport au temps et au vivant, et s’intéresse à la paléoclimatologie : l’histoire des climats anciens. En basant son travail sur des recherches de scientifiques contemporains, elle interroge notre rapport au paysage et à son mouvement, redéfinissant notre perception du monde.
À proximité de la gare Saint-Lazare, ces bureaux nouvelle génération installés dans une ancienne caserne tirent le meilleur de deux héritages architecturaux. Ils offrent un lieu de travail confortable et prestigieux, tourné vers la nature et le bien-être de ses occupants, le cabinet d’avocats Gide-Loyrette-Nouel. Le patrimoine y est magnifié et remodelé, gagnant en attractivité et en compétitivité, tout en contribuant à écrire une nouvelle page de l’histoire d’un tissu urbain parisien en permanente évolution.
« L’architecture a un rapport particulier avec la transformation du réel : elle est, en quelque sorte, atlastique. »
« L’architecture a un rapport particulier avec la transformation du réel : elle est, en quelque sorte, atlastique. »
Manuel Bello Marcano est architecte, enseignant à l’ENSA de Saint-Etienne et sociologue de l’imaginaire au Centre d’études pour l’actuel et le quotidien (CEAQ, Université Paris Descartes). L’architecture est selon lui un assemblage destiné à une sorte de mise ordre le monde : il s’intéresse en ce sens aux fictions politiques mobilisées pour outiller notre pensée et, en l’occurrence, édifier un “être ensemble”. Suivez ses paroles et découvrez l’animalité entendue comme communauté.
Marie-Sarah Adenis est designeuse, co-fondatrice de PILI, une entreprise qui développe des biocolorants à l’aide de micro-organismes : une alternative à leur production pétrochimiques. Mais le cœur de son métier consiste à se saisir de la représentation des microbes pour faire face à la panne des imaginaires et insuffler une part d’onirisme au poussiéreux récit scientifique hérité de Pasteur.
Nouvelle institution artistique à Montpellier, le MOCO rassemble la Panacée et les Beaux-Arts de Montpellier autour de l’ancien Hôtel de Montcalm. Ce quartier général de la création contemporaine fédère la scène artistique du sud de la France, battant en brèche le centralisme culturel sans reproduire le modèle de l’objet spectaculaire à la Bilbao.
Avec Marie Sarah Adenis, artiste, Aurélie Mossé, professeure chercheure à l’ENSAD et Simon Trancart, Head of Adaptive Laboratory Evolution de Ginkgo BioWorks On parle souvent du bois comme un matériau vivant car il réagit à l’humidité ambiante, se patine. Pourtant, lorsque l’on coupe un arbre pour exploiter son bois, il meurt et cesse notamment toute photosynthèse. Quelles autres formes de vivant peut-on cultiver, faire grandir pour construire et créer et avec quelle éthique ? Quel avenir pour des matériaux organiques pouvant se régénérer rapidement ou peut-être ne jamais mourir et continuer à évoluer comme matière vivante ? En passant des propriétés colorimétriques des microbes à l’utilisation d’algues pour développer des réactions chimiques alternatives afin de former des ciments et des céramiques moins émetteurs en carbone, quelles possibilités nous offre le vivant pour repenser la création ?
Aurélie Mossé est designeure, chercheuse et responsable du groupe de recherche Soft Matters à l’Ecole des Arts Décoratifs. À l’aide de micro organismes, elle expérimente la fabrication de matériaux innovants, moins couteux en énergies fossiles ou en ressources non renouvelables. Par la production de calcite, les bactéries deviendraient des alliées notamment dans la constitution de matériaux de construction solides.
Né au sein de l’université Paris Sciences & Lettres, le collectif La Vie à l’œuvre, qui regroupe des chercheurs en sciences de la nature, en sciences humaines et sociales, mais également des artistes, explore depuis 2014 l’intelligence collective interdisciplinaire autour du thème du vivant. Fonctionnant comme un incubateur d’idées, ils explorent les potentialités du vivant, notamment via des expérimentations entre art et science. Un article Stream 05 – Nouvelles Intelligences à découvrir !
L’intelligence collective est devenue l’une des clés pour comprendre et agir sur la complexité du monde contemporain. Mais comment produire les conditions pour qu’elle advienne? Né au sein de PSL, le collectif La Vie à l’œuvre, qui regroupe des chercheurs en sciences de la nature, en sciences humaines et sociales, mais également des artistes, explore depuis 2014 ce dialogue des intelligences autour du thème du vivant. En s’appuyant sur un cadre souple, le collectif a développé une pratique de l’intelligence collective interdisciplinaire tout en établissant de nouvelles connaissances sur la vie, notamment via des expérimentations entre art et science.
« Que pouvons-nous changer dans notre manière d'habiter pour préserver le sol en tant que milieu ? »
« Que pouvons-nous changer dans notre manière d'habiter pour préserver le sol en tant que milieu ? »
Elissa Al Saad est architecte et lauréate des Bourses Palladio 2023 pour sa thèse sur le sol comme milieu. En comparant différentes formes possibles d’appropriation du sol, elle fait émerger la question de la préservation de la ressource foncière face à celle de la propriété. L’objectif : penser la propriété comme support d’un mode d’habiter qui considère le sol comme un bien commun.
Justine Emard est artiste plasticienne. Ses installations utilisent l’IA pour appréhender le vivant et explorent les frontières entre la vie organique et l’intelligence artificielle. Essaims d’abeilles, enregistrements encéphalographiques et peintures préhistoriques deviennent des supports d’apprentissage pour des algorithmes qui, à rebours des imaginaires dystopiques, donnent naissance à de nouveaux supra-hyper-organismes.
Utilisant les faits scientifiques comme matière artistique, l’artiste néerlandais Thijs Biersterker cherche à connecter émotionnellement le public aux problèmes globaux pour inciter à agir. Il a recours à la technologie, notamment l’IA, comme medium. Ses installations immersives mettent en évidence l’intelligence et les systèmes de communication des plantes : une passerelle entre les vivants.
La philosophe, chercheuse et enseignante en école d’architecture Chris Younès prône la mise en œuvre de « synergies régénératrices » pour apprendre à collaborer, respecter les dynamiques de la nature et rechercher une nouvelle forme d’harmonie – pas simplement esthétique mais également éthique et politique -, pour améliorer la fabrique des milieux habités. Une attitude prônée par de nombreux chercheurs en architecture !
Les expérimentations théoriques autour du concept de « ville-métabolisme » placent le vivant au cœur d’un nouveau paradigme, encourageant une approche systémique. Dans la pratique urbaine et architecturale, quels outils s’offrent à nous pour mesurer le métabolisme ? Pauline Detavernier, docteure en architecture et directrice de projets Recherche et Développement chez PCA-STREAM, questionne les mesures existantes du cycle de vie et du métabolisme urbain pour esquisser une méthodologie.
Botaniste et professeur émérite au Muséum national d’Histoire naturelle, Serge Muller est spécialiste des Espèces Exotiques Envahissantes. Il revient ici sur le concept d’ « indigénat » et esquisse les contours d’une politique d’ouverture des villes à de nouvelles essences d’arbres, pouvant servir d’alliées face au réchauffement climatique. Une interview réalisée par PCA-STREAM et Coloco.
Comprendre le vivant c’est comprendre l’invisible. Véronique Mure, botaniste spécialisée dans les paysages méditerranéens en est convaincue. En s’attachant à la relation que les hommes entretiennent avec le végétal, elle sensibilise les acteurs de l’urbain à l’importance du sol et des racines et propose d’en prendre soin, comme un jardinier.
Michel Blazy est un artiste « dompteur », dont le travail résulte de collaborations avec des escargots, des moustiques, des moisissures ou encore des bactéries. Exposé au Portique (Centre d’art contemporain du Havre) jusqu’au 18 décembre, il interroge au travers de ses œuvres vivantes la temporalité de l’art et les frontières entre vivant et non-viviant, naturel et artificiel. Extrait de l’article Encourager la matière publié dans STREAM 04 : Les Paradoxes du vivant
Virginie Maris est philosophe de l’environnement. Parmi ses écrits on retrouve Nature à vendre – les limites des services écosystémiques dans lequel elle questionne la pertinence de l’évaluation monétaire des services rendus par la nature. Vous ne calculez jamais combien votre relation amoureuse vous rapporte, alors pourquoi le faire avec la nature ? Extrait de l’article Penser la séparation au-delà du dualisme publié dans Stream 05 : Nouvelles Intelligences
« Un Plan Canopée pour lutter contre les îlots de chaleur urbaine. »
« Un Plan Canopée pour lutter contre les îlots de chaleur urbaine. »
Frédéric Ségur est responsable du service Paysage et Foresterie Urbaine de la métropole de Lyon. En tant que directeur du Plan canopée, il veille à la mise en cohérence des actions publiques liées à l’eau, au végétal et au climat et nous alerte sur l’importance de retrouver un savoir perdu : planter et entretenir les arbres urbains. LIRE LE TRANSCRIPT
L’anthropologue, auteur de Comment pensent les forêts (Zones Sensibles, 2017) revient sur son expérience amazonienne auprès du peuple Runa pour transmettre à nos esprits occidentaux l’idée d’un langage qui puisse dépasser les mots et les symboles. Un langage qui relie les êtres de la forêt, humains et non humains. Un langage que nous aurions perdu…
La remise en question de la vision binaire du monde issue de la modernité, qui séparait nature et culture, interroge en profondeur notre rapport au vivant et la place que nous lui accordons. Si nous dépassons notre anthropocentrisme, comment donner un nouveau statut à la nature, de façon à mieux la préserver ? Pour Marine Calmet, il s’agit de sortir de l’esprit de domination et des logiques productivistes de croissance pour raisonner en termes de communs et de protection du vivant. Avec le programme pédagogique prospectif Wild Legal, elle explore et imagine, à partir de cas d’étude concrets, la création de nouveaux outils juridiques, notamment autour du concept d’« écocide », pour défendre l’environnement et imaginer des types de gouvernance articulant plus harmonieusement les échelles du local et du global.
Désireuse de partager plus généreusement les fruits de ses collaborations et de ses recherches, PCA-STREAM édite STREAM VOICES, son magazine en ligne.